Le drop shipping est une activité de plus en plus répandue avec l’expansion des achats effectués en ligne.
Cette pratique consiste pour le vendeur à créer une boutique en ligne pour revendre des produits qui sont en stock chez un fournisseur, tout en déléguant au fournisseur la totalité de la logistique.
Le drop shipping permet donc notamment de baisser considérablement l’investissement de départ nécessaire à un site de vente en ligne classique. En effet, seuls des fonds pour ouvrir sa boutique en ligne via des plateformes telles que Shopify ou Dropizi sont nécessaires. Par ailleurs, cette pratique permet également de ne pas avoir de stock (et donc pas d’immobilisation financière et de gestion de stock), ne pas s’occuper des expéditions ni des livraisons ou du service après-vente. Le gain de temps est ainsi considérable et les étapes de logistique sont très limitées. Les seuls frais à supporter sont la création du site et la publicité des produits notamment sur les réseaux sociaux comme Facebook par exemple.
Toutefois, cette facilité à créer son propre e-commerce à moindres frais et sans aucune logistique a entrainé une augmentation des sites en ligne proposant des produits à un certain prix aux consommateurs, alors qu’ils seront directement livrés par les géants chinois tels qu’Aliexpress ou Wish. Or, ces sites commercialisent également ces produits et pour un prix souvent bien moindre, jusqu’à dix fois moins cher. Autrement dit, ces sites marchands de drop shipping proposent des produits déjà en vente sur les sites d’autres fournisseurs, en gonflant les prix.
Le principe même de cette activité d’achat et revente est légal en France.
En revanche, certains comportements de ces sites de drop shipping sont illégaux. Par exemple, ces sites se rendent passibles de condamnation en cas de pratiques commerciales trompeuses caractérisées lors de la mise à disposition de fausses informations de nature à induire le consommateur en erreur, ou en cas de confusion avec des marques.
- Bien souvent, ces sites qui proposent des produits de « luxe », high-tech, vêtements, chaussures… à des « prix cassés », fournissent alors de fausses informations ou allégations de nature à induire les consommateurs en erreur, telles qu’un faux lieu de fabrication « made in France », des photos non conformes à la réalité, une mauvaise qualité des produits livrés, des fausses baisses de prix…
- À titre d’exemple, un site marchand va proposer à la vente une montre d’une certaine marque « WATCH4PRO » proposant de nombreuses fonctionnalités et fabriquée en Suisse, au prix de 400 euros (mais avec une réduction de 50%). Le client passant l’achat sur le site réalise en fait directement son achat sur la plateforme du fournisseur, dans le cas présent Aliexpress. C’est ensuite Aliexpress (qui propose ladite montre pour une dizaine d’euros) qui va directement livrer la montre au client.
- Par ailleurs, en plus de cette pratique commerciale pouvant être qualifiée de déloyale, l’activité de drop shipping se fait également sur des produits contrefaits, pouvant avoir des effets dévastateurs sur une marque : atteinte à sa réputation et son image, manque à gagner, perte de confiance des clients.
- À titre d’exemple, des écouteurs sans fils ressemblant à quelques légers détails près aux Airpods d’Apple, qui a notamment protégé sa marque et le modèle de sa boîte, sont proposés à des prix très attractifs, à savoir 47 euros (avec la promotion appliquée au lieu de 100 euros), alors que le modèle d’Apple se vend à 179 euros. Ces mêmes « Airpods » ont toutefois été retrouvés sur Aliexpress à 12 euros.
- Autre exemple d’atteinte à l’image ; la créatrice de la marque française Rouje commercialisant ses créations à un certain coût a été accusée de drop shipping lorsque ses robes ont été retrouvées sur Aliexpress. La titulaire de cette marque a alors dû se défendre auprès de ses clients en prouvant qu’elle était bien victime d’une copie servile de ses créations.
Cette pratique de drop shipping de plus en plus répandue sème le doute dans l’esprit du consommateur qui ne parvient plus à déterminer sereinement la provenance d’un produit.
S’il parait évident pour un consommateur que des produits similaires à ceux d’une grande marque, mais vendus 90% moins cher sont potentiellement des contrefaçons, la détection est bien plus difficile si le prix est proche d’un véritable prix promotionnel de la marque d’origine.
Au final, la pratique de drop shipping dessert l’ensemble de l’économie en ligne en plus de nuire lourdement aux entreprises qui font des efforts pour créer une marque forte, garante de qualité.
Avec l’augmentation de ce type de pratiques frauduleuses en ligne, plusieurs actions doivent être mises en œuvre par les entreprises :
- Mettre en place une veille sur internet afin d’être informé de toute reprise par un tiers d’une marque ou d’une copie servile de ses produits.
- Se retourner directement vers les fournisseurs en leur signalant la mise sur le marché de produits frauduleux.
- Signaler des pratiques commerciales déloyales à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/Consommation/Electricite-gaz-naturel/Pratiques-commerciales-deloyales
- Etablir un procès-verbal après constat / saisie par huissier des actes illicites.
On notera que, généralement, les hébergeurs de grandes plateformes en ligne permettent aux titulaires de marques d’agir avec célérité contre ces copies serviles.
Mettre en œuvre ces actions ne requiert pas d’investissements importants en termes de budget ou de temps. Ces actions nécessitent de mettre en place une procédure au sein de votre entreprise.
Cet accompagnement est au cœur de la mission des juristes et conseils en propriété industrielle. On notera que ces actions seront d’autant plus efficaces que vous disposerez de marques déposées avec soin pour en accroitre la force juridique.